Souvenir de Marnie****

Après la retraite annoncée de ses deux créateurs, Isao Taklahata et Hayao Miyazaki, les studios Ghibli proposait au printemps dernier la première œuvre de cette nouvelle ère qui s'annonce à eux. Il faut bien avouer qu'après les deux chefs d'œuvre testamentaires publiés par les deux mentors du studio, Le conte de la princesse Kaguya (Takahata), et Le vent se lève (Miyazaki), l'équipe d'animation nippone avait fort à faire pour relever le défi et maintenir Ghibli à ce niveau de perfection. C'est ce défi qu'à donc tenté de relever Hiromasa Yonebayashi, le créateur de Souvenirs de Marnie.

Du côté formel, on retrouve assurément la patte maison. Des couleurs en veux tu en voila, des contrastes, des scènes de pluie, de brouillard, de vent, des couchers de soleil, des paysages toujours aussi somptueux. Quand on voit la laideur ou la vulgarité de 80% des films d'animation distribués, il serait bien malhonnête de faire la fine bouche devant un travail aussi soigné.

Le film nous raconte l'histoire d'Anna, une jeune fille tourmentée et à la santé fragile que sa tante d'adoption envoi chez un couple de parents éloignés afin de respirer le bon air de la campagne et se refaire une santé. C'est dans ce contexte dépaysant et propice à l'onirisme que la jeune va peu à peu nouer une relation aussi intense que troublante avec la belle Marnie, dont l'identité -et la nature de sa relation avec Anna- nous seront révélées à la fin du récit. Le film laisse planer un voile de rêve et de doute sur ce qui unit ces deux jeunes filles : Anna est-elle tout simplement folle et son amie est-elle le seul fruit de son imaginaire ?

Le souvenir de Marnie est au final une fable subtile sur les graines semés dans l'inconscient des enfants et qui germent lentement au gré des années. Le film en récolte les émois et saisi le trouble vécu par ce personnage tourmenté. Si on n'atteint pas les sommets de lyrismes du vent se lève, ni la grâce visuelle de la princesse Kaguya, ce premier coup d'essai vibre encore de l'emprunte de Miyazaki et son talent pour saisir l'esprit de jeunesse qui sommeil en chaque spectateur. Une réussite modeste, mais une réussite tout de même !

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